La ville de Travnik se situe à 80 km à l'ouest de Sarajevo elle est entourée par les monts Vilenica et Vlašić (1'943 m). Riche d'un patrimoine religieux islamique qui en fait l'un des hauts lieux de l'Islam en Bosnie, Travnik a pris une grande place dans l'histoire de la Bosnie. En effet, elle était le lieu de résidence des vizirs durant la période ottomane. On y trouve un nombre incroyable de mosquées par rapport à son nombre d'habitants qui lui est assez faible. C'est la ville de Bosnie qui compte le plus de mausolées, notamment des tombes de vizirs du Moyen-âge. Le célèbre écrivain Ivo Andric, seul écrivain ex-yougoslave à avoir obtenu un prix Nobel de littérature, est né dans cette ville. Sa maison natale est d'ailleurs aujourd'hui devenue un musée situé dans le centre de Travnik.
Nous voilà arrivés à Travnik, après 1h30 de route de Sarajevo. Nous avons roulé sur un des seuls tronçons d'autoroute construit en Bosnie. Le pays a un projet d'infrastructure pour le moins ambitieux mais qui nécessite d'importantes ressources financières et humaines. En effet, il s'agit d'un axe reliant la Bosnie-Herzégovine avec la Croatie ainsi que la Hongrie, un axe routier qui permettra le développement de l'économie et du tourisme, mais pour l'instant, les routes bosniennes sont que très peu entretenues.
Nous nous sommes donnés rendez-vous avec Maria, une connaissance à Eldina qui est également originaire de Bosnie. Maria est revenue dans sa ville natale il y a 5 ans pour régler des affaires familiales. Une fois les présentations faites, Maria nous explique qu'elle a prévu un joli programme pour nous faire découvrir la ville, mais avant cela, il est l'heure de passer à table ! Nous rentrons dans un immeuble qui ne paie pas de mine à première vue, mais les mets traditionnels y sont succulents. Nous prenons le plat typique; le ćufte (boulette de viande avec pommes de terre), la goulasch (soupe composée de viande, poivrons, tomates, etc.) et pour terminer, du veau accompagné de pommes de terre. Un vrai régal !
Maintenant que nous sommes tous bien rassasiés, nous sommes prêts pour démarrer la visite de la ville au côté de Maria qui nous sert de guide. Il faut savoir qu'elle a une très grande connaissance de sa ville natale et sur beaucoup d'autres sujets car elle est archéologue de profession, d'autant plus qu'elle connaît énormément de monde dans la région.
Nous voilà devant une merveilleuse église orthodoxe, nous sommes accueillis par le fils du pope (malheureusement le pope n'était pas présent ce jour-là) qui nous ouvre exclusivement les portes de cette église, récemment rénovée. Un vrai privilège pour nous !
L'intérieur est très coloré, on constate vite que le bleu et le jaune (couleur du pays) prédominent, on peut également imaginer que cela fait référence au ciel et au soleil; les détails des ornements, gravures, moulures et peintures iconiques nous laissent sans voix. Le fils du pope nous montre également une partie du mur où l'on découvre les restes de la fresque originale; cette partie fut découverte lors des rénovations et laissée intacte afin de conserver l'histoire et l'âme de ce lieu unique (voir la 4ème image ci-dessous).
Nous remercions chaleureusement le fils du pope et continuons notre visite de la ville.
Maria nous a organisé une rencontre exceptionnelle avec un derviche tourneur du nom d'Esad, qui offre sa bénédiction, ainsi que le partage de son savoir, à ceux qui ont la chance de passer la porte de sa Tekke. Il nous accueille à bras ouvert et nous propose de partager un café. Grâce à Maria qui nous fait la traduction, nous avons la chance de bénéficier des sages et philosophiques parole d'Esad. C'est un vrais privilège de pouvoir le rencontrer. Ce qui devait ne durer que "le temps d'un café" s'est prolongé en un peu plus de deux de discussions, sur le thème de la religion et de l'ouverture d'esprit. Même si Maria est une traductrice hors paire, il est parfois compliqué de comprendre et réinterpréter les dires de ce sage illuminé. C'est vrai que parfois nous nous perdons dans la discussion tellement cela va loin... Mais une chose est certaine, ce fut une très belle rencontre et un grand moment de partage!
Nous allons de découvertes en découvertes; Maria nous emmène à présent admirer la mosquée Šarena ou également appelée la mosquée colorée. Lorsque nous franchissons le pas de la porte (sans nos souliers bien sûr), nous comprenons vite pourquoi elle a hérité de ce nom. Elle a été construite en 1815 et est inscrite sur la liste des monuments nationaux de Bosnie-Herzégovine.
Après cette journée remplie d'émotions et de découvertes, nous utilisons ce qu'il nous reste de force pour monter jusqu'à la forteresse médiévale qui depuis son rocher, domine le quartier de la vieille ville de Travnik. Celle-ci est l'une des mieux préservées du pays. Depuis son sommet, nous avons la chance d'assister à un magnifique coucher de soleil sur la ville.
Avant de quitter Eldina, Enis et le petit Elias qui retournent à leur hôtel à Sarajevo, nous partageons un souper (des Cevapcici pour changer ;) ) et rencontrons un artiste qui fabrique de petite répliques de maisons traditionnelles Bosniennes en bois, celui-ci connaît bien Maria, et propose même de nous offrir le café devant sa boutique de souvenirs.
Nous décidons de rester dormir dans la région, Maria nous invite à parquer notre van devant la maison d'une de ses connaissances. Elle nous donne rendez-vous le lendemain pour continuer la visite.
Le lendemain matin...
Après une bonne nuit de sommeil, nous retrouvons Maria au centre de Travnik. Elle nous emmène visiter la maison natale d'Ivo Andric, célèbre écrivain yougoslave né en 1892, ayant reçu le prix Nobel de littérature de l'ex-Yougoslavie (1961). Cette maison est celle de son enfance, transformée en un musée retraçant son parcours. Il a vécu ici les deux premières années de sa vie, avant que le décès de son père ne contraigne la famille à s’installer à Višegrad (est du pays).
Une fois la visite terminée, nous prenons la route ensemble en direction d'un monastère franciscain de Guča Gora à environ 20 minutes de Travnik. Maria nous explique que le monastère garde un trésor inestimable. Au fil des années, et durant la guerre, les moines ont récupérés, conservés et protégés de magnifiques œuvres d'arts et de nombreuses peintures mais également une collection d'objets antiques. En arrivant là-bas, nous voyons que tout est fermé, mince... nous sommes dimanche et ils doivent être à la prière... Par chance, nous rencontrons un Frère qui nous emmène auprès du "Frère Directeur", celui-ci a un peu de temps à nous consacré et nous ouvre exceptionnellement les portes du musée. Il nous offre une visite guidée et nous fait partager sa passion pour l'art, ainsi que pour son monastère au travers d'explications fascinantes! Un magnifique moment de culture !
Notre séjour à Travnik s'achève là... nous ramenons Maria chez elle et la remercions chaleureusement pour son précieux temps ainsi que toutes ces magnifiques découvertes faites sur cette région.
Sous son dernier conseil, nous passons la nuit dans les montagnes avec une vue panoramique sur la région de Travnik. Quel merveilleux moment !
Comments